Les fermes d’antan
Au 18e siècle, la vie dans les fermes corréziennes est très rudimentaire : pas d’eau, pas d’électricité, et l’on se chauffe au bois que l’on ramassait dehors. Les murs sont en pierre et en terre. Tout est fait pour vivre en complète autarcie. Ainsi, la vie de la ferme est rythmée par :
- l’élevage des bêtes (cochons pour la viande, poules pour la viande et les oeufs, chèvres pour le lait),
- la fabrication du pain (le plus souvent sous forme de tourte à base de froment et de seigle) cuit au four à pain,
- et la préparation de soupes rustiques et roboratives à partir de légumes résistants (rutabaga, le navet, le chou et le rave).
Ces derniers nourrissent d’ailleurs aussi bien les hommes que les bêtes. Des châtaignes sont parfois ajoutées à la soupe pour la rendre plus nourrissante, l’hiver notamment. Les femmes cuisinent dans les cantous, ces grandes cheminées typiques du Sud-ouest de la France qui constituent l’élément central de la maison et de la vie de la famille. Et à défaut de télévision pour s’occuper le soir, les gens font la “veillée”, moments de partage durant desquels ils se racontent des histoires ou effectuent un travail en commun.
Les paysans migrants bâtisseurs
Vers le milieu du XVe siècle, les territoires ruraux du centre de la France assistent à une migration bien originale : celles des paysans migrants bâtisseurs. Originale elle l’est en effet, de par sa concentration géographique bien définie, sa durée dans le temps, sa période, sa masse d’hommes et la spécificité de leur activité. Si le département de la Creuse en est le cœur, cette migration a pénétré, au long des siècles, plus ou moins profondément ses départements voisins: l’Indre au nord, la Haute-Vienne à l’ouest, le Puy-de-Dôme et la Corrèze au sud. C’est une population nombreuse, des terres peu fertiles et des propriétés fractionnées qui obligent ces hommes à partir en quête de revenus supplémentaires en devenant des paysans bâtisseurs. Ils partent du printemps à Noël, selon une émigration temporaire dite d’été.
Leur spécialisation dans les métiers du bâtiment est confirmée à partir du XVe, mais leur renommée est avérée dans les palais royaux dès le XVIIe siècle. Ainsi, Le « limosin ou limousin », ouvrier spécialisé venant de la province du même nom apparaît dans les dictionnaires dès 1690. Ces limousins participent alors aux chantiers des Châteaux de Versailles et de Vaux-le-Vicomte, du Louvre, du Paris et du Lyon haussmanniens, des villas « Art nouveau » de Nancy… Ils sont maçons, tailleurs de pierre, terrassiers, charpentiers, couvreurs, tuiliers, peintres ou scieurs de long. Leurs conditions de vie et de travail sont rudes. Ils deviennent ainsi le premier modèle du travailleur immigré en France, et leur nombre atteint son apogée au milieu de XIXe siècle. Avec les avancées technologiques, et notamment la pénétration des chemins de fers dans les campagnes, ce nombre augmente jusqu’à concerner la quasi-totalité des migrants du début du XXe siècle.
Dans la seconde moitié du XIXème siècle, les conditions d’exclusion auxquelles ils doivent faire face les poussent à s’instruire, à participer aux grandes luttes politiques et sociales, et à s’engager dans la vie citoyenne et professionnelle en accédant à des postes à responsabilités. Leurs réussites imposent le respect et ils acquièrent une importante dignité aux yeux de tous.
L’agriculture en Corrèze aujourd’hui
L’agriculture corrézienne produit et contribue en même temps à l’entretien et à l’aménagement de l’espace, tout en préservant la nature. En effet, la qualité des eaux vives et des sources témoigne de cette volonté. Avec ses 240 000 hectares, ce secteur est caractérisé par l’élevage et des productions diverses. Ainsi, ce sont près de 10 000 personnes qui participent quotidiennement au travail nécessaire au fonctionnement des exploitations agricoles. Les 6100 exploitants et co-exploitants constituent le pilier de cette main-d’œuvre en réalisant les 2/3 du travail. 31% sont des femmes.
L'élevage, avec ses 295 000 têtes de bovins (recensement 2013), et ses 47 000 brebis, domine les autres productions. Mais si la Corrèze est naturellement un département d’élevage à l’herbe, la diversification des productions et des activités est l’un des éléments permanents de la politique agricole départementale des 30 dernières années. En effet, la diversification permet de répondre à de nombreux enjeux d’ordre économiques, environnementaux, et commerciaux et cette politique a donné des résultats en termes d’installation de jeunes. C’est pour cette raison que les filières canards gras sous label ou de petits fruits rouges (framboises, fraises, myrtilles cultivées) se sont développées. D’ailleurs, la Corrèze est le premier département producteur de pommes sous AOC "Pomme du Limousin" et le deuxième producteur de framboises. La production de noix, située sur les terrains argilo calcaires du Pays de Brive, bénéficie de l’AOC "Noix du Périgord". Le châtaignier, appelé “l’arbre à pain” jusqu’au XIXème siècle , a retrouvé toute sa place au sein de quelques vergers modernes.
Si la crise phylloxérique (phylloxéra, parasite de la vigne) avait eu raison de l’économie viticole corrézienne, la tenacité de quelques hommes a permis d’exploiter fort opportunément les terroirs de Meyssac, Beaulieu-sur-Dordogne avec le Vin Paillé ou le vin de Branceilles, et ceux de Voutezac, avec le vin des Coteaux du Saillant Vézère.
La production porcine s’est concentrée ces vingt dernières années dans 165 exploitations. Une partie de la production est commercialisée via les boucheries label, les grandes surfaces, et les salaisonneries locales. La volonté de plus de 350 exploitants, de vendre directement la plus grosse partie de leur production, explique le succès des Marchés des Producteurs de Pays en Corrèze mais également à Paris et à Lyon, ainsi que le développement de la notoriété de la marque "Bienvenue à la Ferme".