A cet endroit, s’élevait cette chaumière qui a vu naître Noêl Viallaneix puis son fils Paul, des maçons qui ont bâti de nombreuses maisons de Sarran. A noter que Noêl Viallaneix avait épousé Eva, une fille de Paul Brunet du Monteil, maçon à qui l’on doit notamment la construction de l’école et du pont de Rouffiat sur la Corrèze.
Le bâtiment restauré que l’on voit a abrité la ferme familiale puisque, comme de nombreux artisans et commerçants de la commune, Noël et son fils ont exercé deux activités : paysan et artisan maçon. A noter que dans cette ferme avait été aménagée un logement pour héberger la famille durant la construction de la maison actuelle érigée de l’autre côté de la route.
Les paysans migrants bâtisseurs
Vers le milieu du XVe siècle, les territoires ruraux du centre de la France assistent à une migration bien originale : celles des paysans migrants bâtisseurs. Originale elle l’est en effet, de par sa concentration géographique bien définie, sa durée dans le temps, sa période, sa masse d’hommes et la spécificité de leur activité. C’est une population nombreuse, des terres peu fertiles et des propriétés fractionnées qui obligent ces hommes à partir en quête de revenus supplémentaires en devenant des paysans bâtisseurs. Ils partent du printemps à Noël, selon une émigration temporaire dite d’été.
Leur spécialisation dans les métiers du bâtiment est confirmée à partir du XVe, mais leur renommée est avérée dans les palais royaux dès le XVIIe siècle. Ainsi, Le « limosin ou limousin », ouvrier spécialisé venant de la province du même nom apparaît dans les dictionnaires dès 1690. Ces limousins participent alors aux chantiers des Châteaux de Versailles et de Vaux-le-Vicomte, du Louvre, du Paris et du Lyon haussmanniens, des villas « Art nouveau » de Nancy… Ils sont maçons, tailleurs de pierre, terrassiers, charpentiers, couvreurs, tuiliers, peintres ou scieurs de long. Leurs conditions de vie et de travail sont rudes. Ils deviennent ainsi le premier modèle du travailleur immigré en France, et leur nombre atteint son apogée au milieu de XIXe siècle. Avec les avancées technologiques, et notamment la pénétration des chemins de fers dans les campagnes, ce nombre augmente jusqu’à concerner la quasi-totalité des migrants du début du XXe siècle.
Dans la seconde moitié du XIXème siècle, les conditions d’exclusion auxquelles ils doivent faire face les poussent à s’instruire, à participer aux grandes luttes politiques et sociales, et à s’engager dans la vie citoyenne et professionnelle en accédant à des postes à responsabilités. Leurs réussites imposent le respect et ils acquièrent une importante dignité aux yeux de tous.