Voici Flavien Massoubre, le dernier sabotier de Sarran.
Le métier de sabotier était au départ un métier itinérant. Les sabotiers vivaient directement dans la forêt, construisaient une hutte et fabriquaient les sabots auprès de la ressource en bois. Ils se déplaçaient en fonction de leurs besoins en bois. En Corrèze, les sabotiers utilisent plusieurs essences, le noyer, le hêtre ou le bouleau, qui sont des bois tendres faciles à travailler. La fabrication du sabot comprend plusieurs étapes : le bûchage, le creusage, le polissage.
Voici l'ancienne maison du sabotier de Sarran :
Un sabot est à l'origine une chaussure réalisée en creusant un morceau de bois pour que le pied puisse s'y glisser. La discipline s’appelle le sabotage, et le métier, le sabotier.
Le sabot apparaît entre 1480 et 1520 et connaît un développement rapide dans les populations françaises, et dans tout le Nord-Ouest de l’Empire Romain germanique jusqu'au Danemark. L'utilisation des sabots est bien souvent associée aux zones rurales. Et ce sont effectivement les paysans qui en font le plus grand usage avant 1880. Un sabot n'est jamais porté à même le pied. En hiver, il est garni de foin à armature de paille tressée. En été, il est aéré par de la fougère, voire parfumé de fleurs et de substances végétales odorantes. Puis les matières de rembourrage ont très vite remplacé les végétaux. Pour un meilleur confort, on pouvait utiliser aussi des chaussons spécialement adaptés, faits de feutre, de laine foulée ou de peaux de moutons avec laine préservée. On pouvait ainsi chausser sans prendre froid le sabot adapté à une tâche précise. Une fois cette tâche achevée, les pieds, toujours dans les mêmes chaussons, gardaient une douce impression de confort.
Par ailleurs, le bois (en Corrèze essentiellement du noyer ou du hêtre) et les matières qui entourent le pied dans le sabot sont des isolants thermiques idéaux. Le bois est également un isolant électrique. Enfin, le sabot tient le pied à l'abri de l'eau à faible hauteur, de la boue, du fumier ou de la neige en faible couche. Si les sabots usagés ou grossiers sont quotidiennement portés dans la ferme pour le nourrissage des bêtes ou l’entretien du jardin, ou dans la maison pour le ménage et le bricolage, le beau sabot sert à marcher au propre en dehors du domaine ou à se rendre en un lieu proche à l'extérieur de chez soi. Les vieux souliers sont préférés aux sabots pour le labour, car les terres argileuses collent à la semelle de bois. Et enfin, les souliers s'imposent plutôt pour les marches longues et rapides. On estime qu'un campagnard usait trois paires de sabots par année. Or, un sabotier artisanal pouvait assurer 6 à 7 paires par jour, exceptionnellement dix. C'est pourquoi une famille prévoyante en avait toujours plusieurs paires d'avance !
La production de sabots disparaît dans les années 1950, avec l’apparition de la botte et des chaussures.